Lors de sa session automnale, le Conseil national a refusé à une large majorité l’initiative parlementaire Reynard qui demandait un plafonnement des taxes d’études dans les deux EPF. La revendication d’un plafonnement à 650 francs au maximum n’a été soutenue que par 68 parlementaires contre 114 qui refusaient cette proposition pourtant sensée. Tout cela alors que les directeurs Aebischer et Eichler ont déjà soumis au Conseil des EPF une demande pour un doublement des taxes d’études. Est-ce donc maintenant l’heure pour un tel doublement ?
Pour l’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES), l’issue de la votation au Conseil national est décevante. Le résultat montre clairement qu’il n’y a pour l’heure pas de volonté politique à prendre des mesures appropriées contre les augmentations quasi constantes des taxes d’études et pour améliorer l’égalité des chances. Au contraire, le Conseil national juge approprié de laisser la porte ouverte à un doublement des taxes par le Conseil des EPF et ferme les yeux devant la réalité estudiantine.
Les taxes d’études ne représentent qu’une infime partie des budgets des hautes écoles. Dans les faits, les augmentations prévues par le Parlement dans le message FRI pour le domaine des EPF (12.033) correspondent environ aux rentrées supplémentaires engendrées par un doublement des taxes d’études dans les deux EPF. Cependant, la voie du doublement reste possible et ainsi la possibilité d’utiliser des taxes administratives comme « mécanisme de pilotage » (Keller / UDC dans la débat du CN) et d’établir ainsi un obstacle économique discriminant à l’encontre de certain-e-s.
Il serait pourtant central, maintenant que les mesures d’économies et les freins aux dépenses font rage, d’apprécier à sa juste valeur le paysage suisse de la formation. De même qu’il faudrait reconnaître, prendre au sérieux et encourager l’engagement des étudiant-e-s et leurs efforts de formation. L’UNES maintient sa position qu’il faut mettre un terme aux augmentations quasi constantes des taxes d’études (à titre d’exemple le canton de St. Gall où le débat a refait surface à peine trois ans après une décision d’augmentation importante). Mais c’est d’ailleurs justement la qualité et la reconnaissance internationale des EPF qui attestent du fait que ce n’est pas le prix qui définit la valeur. Au contraire, c’est la possibilité d’offrir une formation de qualité – moyennant des taxes d’études qui ne se situent pas à des niveaux semblables aux pays anglo-saxons et qui soient socialement discriminantes – qui attestent de l’estime et de la qualité qu’on porte à la formation et la recherche en Suisse.
Nous demandons au Conseil des EPF de ne pas doubler les taxes d’études. Le Parlement a encore augmenté les moyens dans le message FRI et ainsi la consolidation du domaine des EPF. Cela doit suffire pour assurer la qualité de la formation – il s’agit là quand même d’environ 25 millions en plus par année. « Si les taxes d’études sont doublées, le Conseil des EPF sera responsable d’avoir crée un système de formation qui ne soit qu’à la portée des enfants dont les parents sont riches ! » dit Clau Dermont, membre du comité exécutif de l’UNES. C’est pour cela qu’il est nécessaire que le Conseil des EPF renonce à cette mesure discriminante et assume sa responsabilité de garantir un accès sans obstacles aux EPF.
L’UNES poursuivra son but de permettre l’accès à la formation supérieure à toutes les personnes en Suisse indépendamment de leur situation et origine financière. Afin que tou-te-s puissent accomplir une formation tertiaire selon leurs intérêts et leurs capacités.