Communiqué de presse de l’UNES du 23 novembre 2013
Le Conseil fédéral a répondu jeudi 21 novembre à la motion de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil national (CSEC-N) qui souhaite, entre autres, tripler les taxes d’études dans les EPF pour les étudiant-e-s étrangers/ères. Le Conseil fédéral, bien qu’il propose de rejeter la motion, entend travailler avec le Conseil des EPF pour une modification de la loi sur les EPF dans le sens d’une différenciation du montant des taxes d’études pour les étudiant-e-s étrangers/ères. L’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES) s’oppose à cette différenciation qui porte atteinte à l’égalité des chances et à l’avenir de la Suisse comme lieu de formation, de recherche et d’innovation.
Le Conseil fédéral a rendu réponse à la motion de la CSEC-N pour des taxes d’études équitables dans les EPF. Le texte de cette motion, repris de l’initiative Nordmann (PS/VD), demande à ce que les étudiant-e-s étrangers/ères paient jusqu’au triple des taxes d’études des étudiant-e-s suisses dans les EPF, mais également que le Conseil fédéral ait la compétence décisionnelle sur ces dernières. Le Conseil fédéral reconnaît que les étudiant-e-s étrangers/ères apportent énormément au paysage suisse de la formation, à sa diversité mais également à la pénurie de personnel qualifié dans les domaines MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles et technique) ; cependant, ces étudiant-e-s coûtent et sont nombreux/ses.
A l’origine de la volonté d’augmenter les taxes d’études dans les EPF se trouve le manque de financement de l’Etat. La Suisse voit en effet depuis quelques années son nombre d’étudiant-e-s augmenter, mais la volonté politique de suivre cette progression au niveau des financements n’est pas là. Au contraire. Dès lors, les Hautes écoles trouvent des solutions, non pas pour augmenter leur budget mais pour réduire le nombre d’étudiant-e-s en les sélectionnant sur les capacités financières des parents. Les taxes d’études sont le meilleur moyen et les étudiant-e-s se retrouvent au cœur d’un marchandage politique dont ils/elles en font les frais.
Dans sa réponse à la motion, le Conseil fédéral relève que les étudiant-e-s étrangers/ères coûtant cher et leurs parents ne payant pas d’impôts en Suisse, une différenciation est justifiée. Cet argument est cependant trompeur ; en effet, ces mêmes étudiant-e-s ont été formé-e-s (et donc financé-e-s) par un pays qui perd une future force économique alors que la Suisse en profite (rappelons qu’une grande majorité des dilpômé-e-s MINT par exemple, reste en Suisse après leur diplôme ou travaille pour des entreprises suisses à l’étranger). De plus, la Suisse importe chaque année des milliers de diplômé-e-s qu’elle n’a pas eu à former. Dès lors, la question qui se pose est la suivante : la Suisse veut-elle réellement être le lieu de formation, de recherche et d’innovation de ses ambitions ou souhaite-elle n’être qu’un sous-traitant de cerveaux ?
L’UNES souhaite rappeler au Conseil fédéral et aux parlementaires que la formation est un droit pour toutes et tous et ce, indépendamment du pays d’origine. Mélanie Glayre, membre du Comité exécutif de l’UNES, ajoute : « la solution pour l’avenir n’est pas de sélectionner les étudiant-e-s mais de prendre la mesure de l’importance de la formation pour la Suisse et d’y allouer les financements nécessaires». La Suisse a un rôle important à jouer dans le paysage européen de la formation et la différenciation des taxes d’études met en danger notre pays comme place internationale de formation.
L’UNES ne peut tolérer que la Confédération reporte toujours sur les étudiant-e-s la problématique du manque de financement et demande au Conseil fédéral et aux politiques de prendre leurs responsabilités dans le domaine de la formation en y consacrant un financement suffisant. La matière grise est la seule matière première de la Suisse; La formation est un bien public, elle ne peut devenir un bien de luxe.
Car la formation, c’est l’avenir !